CARNET DE ROUTE : 6R6 EN NORMANDIE (mai 2017)
Je poste ce récit sur ma page de présentation car le voyage ne s'est pas effectué en R6. Il s'agit cependant d'une jolie pub pour nos Renault favorites, dans la mesure où vous verrez ce qu'il arrive quand on part en vacances autrement qu'en R6...
Lors de notre tour de France de 2008 en 403 (décrit quelques pages avant), le cambriolage de la voiture nous avait contraints à supprimer une étape qui nous tenait à coeur mais nécessitait un trop grand détour : le nord du Cotentin. Neuf ans après, nous décidons de visiter cette région avec la même voiture, avec pour but ultime le cap de la Hague, un finisterre sauvage ressemblant à l'Irlande.
Nous confions le fiston à ses grands-parents et prenons la route ce vendredi 26 mai. La 403 tourne bien. Arrêt d'une heure à Tancarville pour permettre à Flavie d'intervenir en direct au cours d'une émission d'RTL ayant justement pour thème "partir en vacances ou rester chez soi" ! Emission animée par une autre Flavie, d'ailleurs. Nous franchissons ensuite l'estuaire de la Seine au pont de Normandie (très impressionnant) et renonçons à nous poser à Honfleur, totalement engorgée de voitures et de touristes. Dîner en terrasse à Pont-l'Evêque, coucher de soleil à Villers-sur-mer et médiocre chambre d'hôte à Genneville, dans un box de plain-pied, nos voisins ayant une vue plongeante sur notre lit posé juste derrière la porte-fenêtre.
En direct sur RTL
Le pont de Normandie
Crépuscule sur la plage
Le lendemain, tables séparées au petit-déjeuner, aucune convivialité, puis nous filons sans regret sur Dol-de-Bretagne pour une crêperie avec la cousine de Flavie, puis Cancale où nous retrouvons des amis du Nord. Ceux-ci nous invitent à dîner à leur camping-car stationné à Cherrueix. Au moment de regagner notre seconde chambre d'hôtes à Dol, à la tombée de la nuit, la 403 refuse obstinément de redémarrer. Je passe une heure à bricoler l'allumage, cause probable de la panne, sans succès. Nos amis nous déposent finalement à Dol et campent à proximité.
Rencontre sur le port de Dol-de-Bretagne
Le dimanche, le camping-car nous récupère à 7h pour déposer Flavie à Cancale. Elle doit faire la moitié d'un marathon, sa copine devant prendre le relai au km 20 et tout le monde devant se retrouver à l'arrivée au Mont-Saint-Michel. Pour ma part, je retourne à la 403 et vérifie l'allumage : aucune étincelle au primaire (rupteur). Je change le condensateur sans succès. J'essaye avec une autre bobine, pas mieux. Je remplace les vis platinées, je récupère une super étincelle au primaire, mais très faible à la haute-tension. Et le moteur refuse toujours de démarrer, même au Start-pilote. Maudissant la voiture, je n'envisage rien de moins que de l'abandonner définitivement ici. Après le retour des coureuses (qui ont fini 1ère équipe féminine en 3h02), je remets le vieux condensateur (sur conseils d'un ami prof de mécanique auto) et la 403 démarre du premier coup ! Du coup nous reprenons la route aussitôt et filons vers la Hague. A hauteur de Granville, le moteur se met à ratatouiller, la puissance est réduite de moitié, la montée en régime est lente, et ça pétarade de temps-en-temps. J'avais révisé entièrement l'allumeur avant le départ, et les modifications de l'avance ne changeront rien, elle cafouillera ainsi jusqu'à la fin des vacances. Nous parvenons tant bien que mal à rejoindre notre 3ème chambre d'hôte, à Gréville-Hague.
Les deux championnes "nourries 100% aux grains (houblon et malt d'orge)"
Le lendemain, alors que le cagnard sévit dans le Nord avec 30°, nous visitons la Hague par 20° dans le brouillard. C'est là que les températures sont les plus fraîches de France l'été. Le peintre Millet a vu le jour ici et le poète Prévert y a fini sa vie. Nous randonnons du hameau de la Roche au sémaphore de la Hague, via le port de Goury, où se situe l'action du roman que nous avons emporté, "les Déferlantes" de Claudie Gallay. J'adore aller sur les lieux des récits ou romans qui me plaisent ! La côte basse est très sauvage et les herbages sont séparés par des clôtures en pierres. Au large, les courants du Raz Blanchard sont parmi les plus rapides d'Europe, et le CROSS, le sémaphore et le phare ont évité bien des naufrages. Il pleut tout l'après-midi. Très sympathique table d'hôte le soir, toujours à Gréville.
Panorama normand !
Clôtures en pierre et barrières en bois caractéristiques du Cotentin (désolé, il y avait du brouillard)
Croix du Vendémiaire élevée en hommage aux victimes d'un naufrage en 1912
Les maisons du Cotentin sont superbes
Le mardi, le brouillard enveloppe toujours la contrée de son silence ouaté (trop fort le style, j'ai bien fait de prendre mes granulés ce matin !). Nous nous rendons quand-même au Nez de Voidries. Les falaises font partie des plus hautes de France. On randonne vers la baie d'Ecalgrain, puis à l'opposé jusqu'au Nez de Jobourg, la perle de la Hague. C'est vraiment beau, mais les photos sont ternes. Nous mangeons une délicieuse crêpe aux sardines à l'huile quand le ciel se dégage enfin ! Après quelques photos, nous filons vers l'est, traversons Cherbourg et allons voir le phare de Gatteville (le deuxième plus haut de France) et le port de Barfleur, avant de rejoindre notre 4ème chambre d'hôtes à Nonant, près de Bayeux. Très bonne table avec une hôte distrayante.
Le Nez de Jobourg dans la brume...
... et sous le soleil
Le phare de Gatteville près de Barfleur
Un weasel M29 à Sainte-Mère-Eglise (constructeur : Studebaker). Je m'intéresse à ces chenillettes car une cinquantaine furent utilisées par les Expéditions Polaires Françaises, jusque dans les années 90 pour certaines.
Mercredi matin, la 403 refuse à nouveau de démarrer. Un voisin garagiste parvient à faire partir le moteur en décollant un câble de bougie pour forcer les étincelles. Nous gagnons la côte à Grandcamp puis pique-niquons à Vierville, sur la plage déserte d'Omaha Beach. A l'approche du 6 juin, nous croisons plein de véhicules du débarquement ainsi que des groupes de gars jouant au soldats en courant sous le soleil, avec tenue complète et paquetage ! Nous longeons la côte jusqu'Arromanches, après une pause au très actif port de Port-en-Bessin, puis nous regagnons Bayeux où j'aimerais tester de nouvelles bougies, un nouveau faisceau HT, une nouvelle tête d'allumeur et de nouveaux puits de bougies, mais je ne parviens à trouver que des bougies. Bien sûr ce n'était pas ça non plus et le moteur continue de pétarader. Sur la quatre-voies à mi-chemin entre Bayeux et Caen, le pare-brise est brusquement arrosé de liquide de refroidissement, cette fois c'est la fin après 1259 km effectués depuis le départ, fumée blanche à l'échappement, premier cylindre rempli d'eau, je viens pour la première fois de claquer un joint de culasse !
Notre hôte de ce soir qui n'est autre que le père de Manu viendra nous récupérer avec un plateau dans la soirée. Entre-temps nous discutons avec Manu au téléphone puis avec deux sympathiques agents de la D.I.R. venus assurer notre sécurité. Il est 23h quand nous arrivons à notre dernière étape, Notre-Dame de Courson, où nous devions de toute façon passer notre dernière nuit.
Je pense qu'on devrait trouver une place sur la plage...
Retour de pêche à Port-en-Bessin
Vu à Bayeux (l'Etat est un des anciens réseaux remplacés par la SNCF en 1938)
La mécanique expliquée aux nuls : "la 403 est une propulsion arrière" !
Jeudi matin, impossible de trouver un camion porte-voiture disponible sur Lisieux et alentours, nous laissons donc la 403 sur place et nous nous faisons reconduire en gare de Lisieux, retour à la maison vers 15h par le train. Chaleur horrible ici, nous regrettons déjà le climat du Cotentin ! Le soir, mon copain prof de mécanique vient nous rendre visite et nous dit que le joint de culasse était déjà probablement fissuré, les cylindres prenant un peu d'eau, ce qui contrariait forcément la combustion correcte de l'essence.
Samedi, je me farcis un aller-retour en camion porte-voiture de location pour aller rechercher la 403 en Normandie, départ 5h, retour 20h, 700 bornes ! Et le plaisir de voir Manu qui était retenu à Rouen avant-hier.
Il n'y a plus qu'à ouvrir le moteur, mais ça c'est déjà une autre histoire !
Un grand merci pour leur patience et leur dévouement à Nicolas, Sandrine et Jef, au père de Manu et aux deux agents de la D.I.R., au cas où l'un d'eux lirait ces lignes !