Pour ceux qui aiment mes carnets de route, un voyage effectué en 2008, mais pas en R6, donc je poste sur ma page de présentation.
Un gros morceau aujourd'hui, prévoyez 20 à 25 mn de lecture : je vous emmène pour un tour de France en 403 !
J'illustre chaque journée de la meilleure photo du jour, mais j'en remettrai d'autres par la suite.
Bon voyage !
TOUR DE FRANCE EN 403
Peu envieux des vacances d'une majorité de mes collègues, dont la moitié se fait rissoler en juillet-août sur la plage surpeuplée d'Argelès, après des heures de bouchons sous le cagnard, pendant que l'autre moitié se fait accoster tous les 10 mètres à Marakech pour se faire vendre des babouches, j'opte pour des vacances itinérantes hors-saison.
C'est ainsi que pendant un mois, du 8 septembre au 4 octobre 2008, ma compagne Flavie et moi nous sommes abreuvés de paysages sur les petites routes de la campagne française, goûtant ça et là les spécialités culinaires et rencontrant les gens du cru à l'occasion de nos étapes en chambres d'hôtes et fermes-auberges.
C'est Flavie qui choisira la voiture : ma 403-sept de 1961, rachetée trois ans avant et remise en circulation après un sommeil de 24 ans.
C'est ainsi que nous prenons la route le lundi 8 septembre, pour une étape de 320 km qui nous fera traverser mes Ardennes natales et voir ce qu'il reste des "villages morts pour la France", ces neuf communes de la Meuse entièrement détruites en 1916 et dont le Maire, faute d'électeurs, est nommé directement par le Préfet. Il n'en reste plus que quelques pierres au sol, la forêt y a repris ses droits. Fin de l'étape chez mon oncle à Longuyon (Meurthe & Moselle).
La photo du jour : Monthermé, la perle des Ardennes au confluent de la Meuse et de la Semoy.
-
Le lendemain, nous traversons la Lorraine sur 314 km. Nous parcourons le pays du fer, dont le ciel était jadis embrasé par les hauts-fourneaux. A Longwy, le dernier est resté où il est tombé. Nous longeons les deux derniers d'entre eux encore en feu, à Florange, après avoir vu l'étonnante église en fer de Crusnes. Ici comme dans le Nord, la misère a succédé à la sidérurgie et à la mine. Au menu à Metz : quiche et dessert aux mirabelles arrosés d'un vin blanc "vendanges tardives". On file ensuite plein Est, les yeux rivés sur la ligne bleue des Vosges, et remontons la vallée de la Sarre Rouge pour entrer dans le massif vosgien. Fin de l'étape en chambre d'hôtes à Wisembach (Vosges).
Le dernier haut-fourneau de Longwy, éteint en 1987, tombé sur la friche de Senelle-Maubeuge.
-
Le 10, nous parcourons les chaumes, ces pâturages d'altitude situés sur les crêtes, où paissent les vaches vosgiennes tachetées noir et blanc. Repas dans une marcairie (ferme d'altitude) au bord de la route des crêtes : liqueur de sapin, tourte à la viande, lard, munster, tarte aux myrtilles. Nous y retournerons très souvent par la suite. On grimpe le Grand Ballon (1424 m) pour digérer, puis visitons le musée du chemin de fer à Mulhouse. Fin de l'étape (213 km) en chambre d'hôtes à Thannenkirch (Haut-Rhin) dans une maison vieillotte comme j'aime, avec des poêles à bois allumés un peu partout.
Paysage vosgien depuis le Hohneck.
-
Le 11, l'étape de 227 km nous fera parcourir la plaine d'Alsace, qu'on découvre depuis la route des vins. On ne s'attarde pas à Riquewihr, infesté de cars de touristes et de boutiques souvenirs, et on se pose à Kaysersberg pour déguster un baeckoff, sorte de pot-au-feu comparable à notre hochepot du Nord. On a bien aimé cette région d'une forte personnalité. Nous retraversons le département des Vosges, où les scieries et les villes thermales se succèdent, et finissons l'étape dans notre maison familiale de Provenchères-sur-Meuse (Haute-Marne).
Kaysersberg (Haut-Rhin).
-
Le 12, on parcourt 362 km à travers la Côte d'Or et le massif du Jura. Menu bourguignon à Nuits-St-Georges (escargots, jambon persillé, boeuf bourguignon... arrosés avec autre chose que du Coca, vous vous doutez bien !). Les vignes sont prêtes à être vendangées, on traverse Marsannay, Gevrey-Chambertin, Vougeot, Vosne-Romanée, Aloxe-Corton, Beaune... J'étais loin de me douter que les Chinois commenceraient à racheter ça quatre ans plus tard. Ici, de nombreux toits sont couverts de tuiles vernissées formant des motifs multicolores. Dans le Jura, on découvre les cascades du Cirque de Baume et du Hérisson, très sauvages et d'une grande beauté. Fin de l'étape à Samognat (Ain) chez la tante de Flavie où un succulent repas régional nous attend : poulet aux morilles sauce au vin jaune, bleu de Gex, Morbier, Comté, arrosés d'un Château-Chalon 1988 !
Les Cascades du Hérisson (Jura), plus précisément la cascade du Grand Saut.
-
Le 13, repos, on fera juste 62 km pour dîner au lac Genin (10 km à vol d'oiseau, 31 par la route, près d'une heure de voiture. Ah, ces routes de montagne !...)
-
Le 14, petite étape de 116 km (lors de laquelle on manque écraser un sanglier) pour aller squatter chez mon pote d'Annecy. C'est une ville splendide. Dîner savoyard en chalet avec tous les fromages des Alpes : reblochon, tome, gruyère...
Annecy
-
Lundi 15, déjà une semaine de passée. On fait 182 km de montagne, via la route des Grandes Alpes qui nous fera traverser Val d'Isère, parc à touristes démesuré qui doit fourmiller de skieurs multicolores en hiver, mais en complète léthargie ce jour de septembre. La neige apparaît vers 2500 m. Flavie, qui découvre les Alpes, est impressionnée par le paysage grandiose. Nous atteignons le Col de l'Iseran (2764 m), point culminant de notre tour de France, puis redescendons la Maurienne jusqu'à notre chambre d'hôtes de Bonneval, charmant village savoyard aux toits de lauzes.
Dans la haute vallée de la Maurienne (Savoie).
-
Le 16, on s'offre une grande randonnée dans le massif de la Vanoise, une journée complète à crapahuter dans les alpages et la rocaille, cotoyant marmottes, torrents, lacs glaciaires, neige... On grimpe un sommet de 2910 m, on a la montagne pour nous tout seuls ! Excellente journée. Fin de l'étape (112 km) à Valloire (toujours en Savoie) où nous devons nous rabattre sur un hôtel, devant lequel nous tombons sur une 403 camionnette et son propriétaire, originaire d'Aulnoye, la ville où je bosse ! Fondue savoyarde au menu.
Au sommet de la Pointe de Lanserlia (2910 m), dans la Vanoise.
-
Le 17, on franchit le col du Galibier, précédé de paysages lunaires, et on aborde le sud des Alpes. Les sonnailles des troupeaux des vaches abondances et tarentaises font place peu à peu aux moutons et aux chèvres, qu'on trouve parfois au milieu de la route. Pique-nique au bord du lac de Serre-Ponçon, puis fin de l'étape de 252 km à Castellane (Alpes de Haute-Provence), charmante petite ville où nous dînerons de l'estouffade de boeuf avant de gagner une chambre d'hôtes trouvée in extrémis.
Vaches abondance sur la route vers le Col du Lautaret.
-
Le 18, nous parcourons 208 km à travers la Provence. Partout, des mas couverts de tuiles canal, des oliviers, des pins qui donnent à cette contrée sa senteur caractéristique. La "Grande Bleue" n'est plus loin ! Nous faisons un tour de pédalo dans les gorges du Verdon puis arrivons sur la Côte d'Azur à Ste-Maxime. La "Méditerranée aux îles d'or ensoleillées", ce sera pour une autre fois car il fait tout gris. Mais les éternels bouchons sont bien là, eux ! Au Lavandou, nous nous attablons devant une bouillabaisse. Ambiance vacances à la nuit tombée, avec terrasses de café bondées, parties de pétanque, palmiers éclairés, bâteaux de plaisance au mouillage... Très agréable soirée d'été. Hôtel à Bormes-les-Mimosas (Var).
On dirait un feu d'artifice végétal, ce sont des palmiers sur la plage du Lavandou (Var).
-
Le 19, on s'offre une heure de plage à Toulon après avoir dépanné une dame en panne sur un rond-point avec sa 2CV (commande d'accélérateur désemparée). Je retrouve ensuite la Nationale 7, de Brignoles à Aix, et on fait étape à Eygalières (Bouches du Rhône) après avoir parcouru 258 km.
Le port d'Hyères, point le plus sud du voyage.
-
Le 20, on visite les Baux-de-Provence (qui a donné son nom à la bauxite, minerais découvert ici et à l'origine de l'industrie de l'aluminium); les ruines sont envahies de boutiques de souvenirs... Arrêt au moulin de Daudet. Nous voilà en Camargue, pays des rizières, des taureaux, des chevaux et des flamants rose. On pousse jusque Arles, la plus vaste commune de France (770 km2). On se gare ensuite au bord de la route Remoulins-Alès pour aller voir le Pont du Gard, qui portait jadis l'aqueduc alimentant Nîmes. De retour à la voiture, tout s'effondre, catastrophe : la 403 a été cambriolée, une vitre brisée, quatre sacs volés, nos moyens de paiement, nos papiers, nos chargeurs, les téléphones de Flavie, son appareil photo, nos clés, et j'en passe, disparus ! Il nous reste 30 euros et mon téléphone sans son chargeur. Maudissant cette "jeunesse en rupture sociale", comme les apôtres de la bien-pensance nous imposent aujourd'hui de qualifier la racaille, nous portons plainte à la gendarmerie de Remoulins. Le secteur, déjà riche en voleurs de tout poil, en est paraît-il saturé au moment de la Feria de Nîmes. Les parents de Flavie gèreront efficacement, depuis le Nord, nos démarches diverses.
C'est à la nuit tombée que nous débarquons à la chambre d'hôtes sur le causse du Larzac, près de la Couvertoirade (Aveyron). Chaleureuse table d'hôtes en compagnie de cyclistes en vadrouille. Daube de taureau et riz au menu. Total de la journée : 266 km.
Une photo qui nous a coûté cher : le Pont du Gard.
-
Le 21, repos forcé en attendant la réception d'un mandat. Juste 22 km au compteur pour faire quelques courses. On pique-nique près de la ferme, qui sera une de nos adresses préférées. Le confort y est sommaire, mais l'authenticité est au rendez-vous. Nous, on aime. J'apprécie le calme et l'isolement des Causses, ces plateaux calcaires sans source ni cours d'eau, très peu peuplés.
Paysage aride sur le causse du Larzac.
-
Lundi 22 (premier jour de l'automne). 8h15, le gendarmerie de Remoulins téléphone : trois de nos sacs sont retrouvés. On repart donc là-bas, avec pause-photos au Cirque de Navacelles, et nous récupérons papiers, clés, et quelques bricoles inrevendables. Nous encaissons également un mandat postal de 200 euros envoyés par les parents de Flavie, ça nous permettra de gagner Marciac, où nous nous ferons expédier chéquiers et cartes bleues. On peut envisager à nouveau de poursuivre les vacances, ouf ! On repart par la corniche des Cévennes, puis on grimpe sur le Causse Méjean, en Lozère. Ce quasi-désert détient le record de la plus faible densité de population de France, avec 1,4 habitant au km2. On n'aura pas le temps de visiter l'Aven Armand, mais on passe voir le Chaos de Montpellier-le-Vieux, sur le Causse Noir. Mais la nuit tombe et il est tard quand nous arrivons à la chambre d'hôtes, épuisés par les petites routes sinueuses et par le kilomètrage record parcouru : 403 km, on aurait voulu le faire exprès on n'y serait pas arrivé !
Le Cirque de Navacelles.
-
Le 23, au moment de quitter la Couvertoirade, une vacancière originaire du Nord nous prête spontanément 50 euros. Pour compenser un peu les deux jours perdus, on décide de filer directement à Marciac. On file plein Ouest. Roquefort ne nous laissera pas un souvenir impérissable. A Rouffiac, près d'Albi, un collectionneur de Simca trouvé dans les "bonnes adresses des vacances" de LVA nous laisse une vitre de 403 pour un prix dérisoire et nous donne des pommes de son verger ! Finis les courants d'air. On contourne Toulouse. Comme dans le Nord, beaucoup de briques autour de la ville rose. Nous traversons Auch, chef-lieu du Gers, de bout en bout sans le moindre arrêt, tous les feux au vert !
Fin de l'étape (350 km) à Marciac (Gers), chez une tante éloignée de Flavie où un accueil chaleureux nous est réservé.
Le Larzac à nouveau, du côté de Roquefort.
-
Le 24, mercredi, c'est jour de marché à Marciac, il y a des Anglais partout. A cause du retard pris, nous décidons de renoncer au Pays Basque, et on commence à remonter vers le nord. Pour la même raison, nous shunterons l'extrémité de la Bretagne, la semaine prochaine. Pour l'heure, nous reprenons la route avec nos chéquiers, cartes bleues et chargeurs neufs. Nous traversons un bout de la forêt landaise, plantée sous Napoléon III. Arrêt à Castelmoron d'Albret (Gironde), la plus petite commune de France (3,76 ha). Nous traversons ensuite quelques bastides, ces places fortes des 13è et 14è siècles bâties tantôt par le Roi d'Angleterre, tantôt par le Roi de France. C'est dans une de ces dernières, Villeréal - la "ville du Roi" - (Lot-et-Garonne) que s'achève l'étape (246 km), chez des producteurs de noisettes. Super ambiance à la table d'hôtes, où nous dégustons du magret de canard.
Castelmoron d'Albret (Gironde), la plus petite commune de France en superficie.
-
Le 25, Flavie conduira 30 km sur les 280 de la journée. Nous traversons le Périgord Pourpre, celui de la vigne. Pique-nique près de Bergerac. Puis nous abordons le Limousin. Dans les prés, les vaches limousines, à la robe acajou, remplacent peu à peu les blondes d'Aquitaine, de couleur froment. Pavé de boeuf limousin au menu ce soir, justement, à Saint-Junien. Chambre d'hôtes dans une ferme de Saint-Victurnien (Haute-Vienne).
Peu de photos prises ce jour, comme la veille d'ailleurs. La 403 dans les fougères quelque part en Dordogne.
-
Le 26, nous nous plongeons à 100% dans l'Histoire de France avec la visite d'Oradour, où 642 habitants ont été massacrés par les S.S. le 10 juin 1944. La ville a été entièrement brûlée et le site est resté tel quel. Saisissant ! A quelques kilomètres, le village de Montrol-Sénard tient lieu d'écomusée habité : quelques maisons sont offertes à la visite gratuitement, l'école, l'atelier du forgeron, une maison paysanne restituent l'ambiance des années 40/50. Nous parcourons ensuite la Charente, où des centaines de pancartes incitent à se ravitailler en cognac et en pineau. Ce soir, nous dînons devant l'océan, une délicieuse mouclade tout au bout du port de Marennes, avant de finir l'étape (318 km) en chambre d'hôtes à Romegoux(Charente-Maritime).
Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne).
-
Le 27, nous allons faire un tour à la Rochelle où nous mangerons du poisson (sardines grillées pour Monsieur, cabillaud pour Madame), puis nous nous enfonçons dans le Marais Poitevin, ancien golfe marin que le travail combiné de la nature et de l'homme a transformé en véritable labyrinthe de bras d'eau serpentant sous une voute de verdure. On s'offre une heure de barque dans cette Venise Verte, c'est très reposant (ce n'est pas nous qui ramons !). Au bout de 269 km (de 403, pas de barque), nous trouvons un hôtel avec bien du mal à St-Gilles-Croix-de-Vie (Vendée). Excellent dîner à deux pas de l'hôtel : pot-au-feu de poissons puis bouillie de millet pour Flavie, cabillaud sur lit de purée puis caillebottes pour moi. Enfin des desserts qui changent des éternelles crèmes au caramel - îles flottantes - profiterolles - crèmes brûlées - mousses au chocolat - tartes aux pommes - boules de glace que la plupart des restos se bornent à proposer !
Au fil de l'eau, dans le Marais Poitevin du côté d'Arçais (Deux-Sèvres).
-
Le 28, on profite de la marée basse pour parcourir la route du Gois, qui relie Noirmoutier au continent. En effet, à haute mer, la route est recouverte d'eau. On traverse ensuite l'estuaire de la Loire sur le plus long pont de France (3,3 km) duquel on surplombe les constructions navales de St-Nazaire. Ensuite, c'est les marais de la Brière, paradis des chasseurs de gibier d'eau. Voilà la Bretagne ! Nous visitons les chaumières de Poul-Fétan, un village-écomusée inhabité, lui. Puis nous parquons la 403 à Quiberon après 313 km de route, et nous embarquons pour Belle-Ile. Débarqués au Palais, nous louons une Méhari de 1977 et allons voir le coucher de soleil sur la mer avant de rejoindre Sauzon, adorable petit port de pêche où nous passerons la nuit à l'hôtel, après nous être rassasiés de fruits de mer et de far.
Crépuscule sur les Aiguilles de Port-Coton, à Belle-Ile-en-Mer.
-
Lundi 29 , la Méhari nous emmène aux quatre coins de l'île, composée de quatre communes comportant une multitude de hameaux, comme partout en Bretagne. Flavie, qui vient en vacances ici depuis son plus jeune âge, est ravie de me faire découvrir son île préférée. Nous regagnons le continent en fin d'après-midi et récupérons la 403 qui ne fera que 36 km aujourd'hui. Nous croisons pas mal de mégalithes (dolmens, menhirs) puis arrivons à Locoal-Mendon (toujours dans le Morbihan), pour la table et la chambre d'hôtes.
Toujours à Belle-Ile, la plage de Donnant.
-
Le 30, nous traversons la Bretagne dans le sens sud-nord. Autant les côtes nous enchantent, autant l'intérieur de la Bretagne est décevant : les cultures l'emportent sur l'élevage (c'est pourtant la première région d'élevage de porcs et de volailles, c'est dire si l'élevage y est intensif), et les anciennes maisons rénovées font l'objet d'un vrai massacre : baies vitrées, fenêtres à une seule vitre style Belgique, portes en PVC blanc, rien n'est épargné... Sur 302 km, on n'a pas vu un seul village typique. On rejoint la côte nord à Pleneuf-Val-André, sous un crachin typiquement breton. Nous allons voir la houle déferler avec violence sur la Pointe du Grouin, puis sympathiques table et chambre d'hôtes à Roz-Landrieux (Ille-et-Vilaine).
Mer agitée à la Pointe du Grouin, en Bretagne-Nord.
-
Le 1er octobre, nous tombons sur un poste de télégraphe aérien, système Chappe, un des rares rescapés des 556 qui assuraient les communications de 1793 à 1855, quand la visibilité le permettait... Puis nous visitons le Mont-Saint-Michel, LE parc à touristes par excellence dont même la route d'accès est un vrai Las Vegas. Arrivés sur le parking payant, des vigiles nous font garer bien serrés, comme en discothèque. Il y a des cars de toute l'Europe. Au pied de la grimpette, la Mère Poulard affiche son omelette à 38 euros, et la ruelle principale est exclusivement bordée de boutiques de saloperies made in China. Il faut à nouveau payer pour accéder à l'abbaye et voir le large, du coup on y renonce. En fait, c'est le genre d'endroit qui n'a du charme que vu de l'extérieur. Ici, l'amplitude des marée est la plus forte de France et la mer se retire jusqu'à 15 km. Quittant la baie, ses polders et ses prés salés, nous traversons la "Suisse normande", verdoyante et accidentée, puis arrivons au pays d'Auge, symbole de la plantureuse normandie avec ses herbages, ses pommiers, ses maisons à colombages, ses vaches normandes, son cidre, son calva, son pommeau et ses fromages ! Nous traversons le petit village de Camembert puis dînons à Vimoutiers (émincé de volaille à la crème, camembert, pont-l'évêque...). Fin de l'étape (275 km) à Ecorches (Orne), dans une maison d'hôtes de 1394 habitée par une charmante petite vieille (tout de même plus jeune que sa maison), en tablier à fleurs.
Les plus perspicaces d'entre vous auront peut-être reconnu le Mont-Saint-Michel ?
Jadis breton, il est devenu normand quand le Couesnon, le fleuve côtier séparant les deux régions, a fini par se jeter à la mer à l'ouest du Mont, par le jeu des marées et des bancs de sable.
-
Le 2, le petit-déjeûner restera un de mes meilleurs souvenirs. La cuisine, inchangée depuis au moins 50 ans, est délicieusement vieillotte et me rappelle les séjours à la campagne de mon enfance. Nous avons même du lait de ferme. Deux chasseurs passeront prendre le café, en voisins. On est loin des "3 épis" et autres labels mais ça restera mon adresse préférée des vacances.
Après un arrêt à la basilique de Lisieux, nous nous posons à Honfleur, charmant petit port à l'extrémité de la Côte Fleurie qui possède une église en bois. Nous traversons ensuite l'estuaire de la Seine sur le plus long pont à haubans du monde, puis c'est le Havre, ville béton d'après-guerre et immense port de commerce. Nous longeons ensuite les falaises de la Côte d'Albâtre (Antifer, Etretat) et dînons du poisson à Dieppe avant de finir l'étape (274 km) à Saint-Aubin-sur-Mer (Seine-Maritime).
Falaises du côté du Cap d'Antifer, entre le Havre et Etretat.
-
Le 3, nous reprenons notre remontée vers le nord sous un ciel de plus en plus gris. On traverse la Baie de Somme, dont les marécages semblent être le paradis des canards, puis on arrive à Boulogne, premier port de pêche français. Le temps, déjà pas terrible, devient effroyable, pluie, vent... Arrêts aux caps Gris-Nez et Blanc-Nez d'où on distingue les falaises britaniques, puis nous finissons par atteindre Bray-Dunes, commune la plus au nord de France et où règne une véritable tempête. En s'enfonçant ensuite dans la Flandre, le premier village traversé (les Moëres) a la particularité d'être bâti sous le niveau de la mer, un cas unique en France. La lagune qui s'étendait ici fut asséchée au 17è siècle grâce à des digues, des canaux et 20 moulins à vent munis de vis d'Archimède pour pomper l'eau. Ces polders furent inondés en 1940. On traverse la désormais célèbre ville de Bergues et nous finissons la journée (344 km) à Esquelbecq (Nord) pour une dernière chambre d'hôtes, après un succulent souper dans un resto voisin (parmentier de canard pour lui, carbonnade flamande pour elle, avec une bonne bière locale !).
Le Cap Blanc-Nez, et au fond le Gris-Nez. C'est au niveau de ce dernier qu'on place la limite entre Manche et Mer du Nord.
-
Et on arrive au samedi 4, dernier jour du périple, où nous roulerons encore 219 km. Nous parcourons d'abord le plat pays flamand, hérissé de moulins à vent désormais immobiles (un comble à une époque où l'éolien a le vent en poupe), puis on se tape la cloche dans mon estaminet préféré, à Godewaerswelde (essayez de le prononcer 10 fois sans bafouiller !), encore un lieu où le temps semble s'être arrêté. Nous y dégustons une potée flamande, arrosée d'une bonne bière trappiste. Nous rejoignons ensuite le bassin minier où nous escaladons un des deux terrils jumeaux de Loos-en-Gohelle, les plus hauts d'Europe. Vue imprenable, mais quel vent ! On traverse Aremberg où nous nous farcissons 26 ralentisseurs sur 1 km, de quoi regretter les pavés ! Et retour à la maison au crépuscule, ivres de paysages...
Tout in haut de ch'terril ! Loos-en-Gohelle.
-
Les chiffres :
- kilomètrage total : 6543 km
- consommation : 650 l d'essence, 7 l d'huile, 5 à 10 l d'eau
- budget : 3100 euros (1/3 essence, 1/3 hébergement, 1/3 repas, + 250 euros divers), desquels il conviendrait de soustraire les 1000 euros de repas car nous aurions mangé quand-même si nous n'étions pas partis !
Points atteints :
- le plus à l'est : Kientzheim (Bas-Rhin)
- le plus au sud : Hyères-plage (Var)
- le plus à l'ouest : Plouay (Morbihan)
- le plus au nord : Bray-Dunes (Nord)
- le plus élevé en 403 : col de l'Iseran (Savoie) 2764 m
- le plus élevé à pieds : pointe de Lanserlia (Savoie) 2910 m
- le plus bas : les Moëres (Nord) -2 m
Dans quelques jours, on refera un tour de France uniquement en images, avec d'autres photos sympas.