Mémoires de R6 TL
Tout commence par des amis de mes parents qui ont acheté neuve une des premières R6 TL fin 1970. Sa ligne de petite R16 me plaît immédiatement mais il faudra que j’attende car j’ai à peine 11 ans. Entre-temps mes parents ont acheté une R16 TL neuve en 1976 pour remplacer leur 4L de 1966. Changement de décors…et de budget ! Les années passent et en 1980 lors de vacances chez ces amis dans le Lot et Garonne, j’ai l’occasion de conduire un peu la R6, ce qui me confirme que c’est une formidable petite voiture. Faisant régulièrement le trajet Paris – Lot et Garonne, ces amis avaient acheté une des premières R30 TS neuve en 1975.
Fin 1980, de retour de l’armée et pour être autonome, je décide d’acheter une R6 TL. Les amis ayant refusé de me vendre la R6 (car trop pratique), je me suis tourné vers la Centrale des Particuliers (pas d’Internet à l’époque). J’ai contacté un vendeur le samedi après-midi pour venir le Dimanche. J’ai proposé l’après-midi pour ne pas déranger le matin, J’y suis allé et...la voiture avait été vendue le matin !!! (trop bon, trop c..)
Du coup j’ai contacté un autre vendeur à 60 km de chez moi qui m’a dit que 2 personnes étaient sur le coup. J’y suis allé tout de même et j’ai eu beaucoup de mal à trouver, s’agissant d’une ville nouvelle où tout le monde avait emménagé en même temps et personne ne se connaissait (pas de GPS à l’époque). Finalement devant la difficulté à trouver, les 2 personnes ne sont jamais venues.
Le vendeur est un vétérinaire de l’équipe olympique d’équitation, qui fume comme un pompier et qui vient d’hériter une Talbot Solara d’où la vente de la R6,
Il s’agit donc d’une R6 TL de fin 1976 (AM 77) couleur daim 111 totalisant 75.000 km. Tarif largement sous argus car petits défauts : aile avant gauche légèrement pliée, aile arrière gauche enfoncée entre le feu et le pare-choc, petite bosse sur le coffre, jauge à essence indiquant au maximum 1/4 du réservoir, problème du circuit imprimé du tableau de bord et petite fuite du liquide de refroidissement. Également problème de démarreur, il tourne environ 2 secondes après avoir tourné la clé. J’achète et reviens à la maison, Les bosses je m’en fous ça n’empêche pas de rouler…
Priorité la fuite du liquide refroidissement, Je porte la voiture chez Renault et le bocal est de nouveau vide moins d’une semaine plus tard… retour chez Renault. Le chef d’atelier m’indique qu’il n’a pas été constaté de fuite extérieure et qu’il peut s’agir d’une fuite interne au moteur (joint de culasse) et que la facture peut être salée...Je récupère le soir la voiture réparée...gratuitement ! Honnête, le chef d’atelier a constaté leur faute d’avoir mal vérifié l’étanchéité du circuit, le radiateur de chauffage en cause ayant été remplacé en neuf gratuitement pièce et main d’œuvre (même pas envisageable aujourd’hui). Ensuite j’ai remplacé moi-même la jauge à essence qui était pliée (pour quelle raison???) et le circuit imprimé du tableau de bord a été remplacé par un spécialiste en électricité auto pour une misère. Le démarreur ? Même s’il met du temps à se réveiller, il fonctionne…
Donc, je peux commencer à rouler et donc je roule. Un jour lors d’un freinage, j’entends un bruit de verre cassé. Je m’arrête et constate que le phare gauche n’a plus de verre, il s’était décollé !
Bien confortable, outre la ville, elle me sert pour les vacances et les week-ends.
En 1981, je suis parti en Andalousie (Grenade) avec un pote, étape de nuit à Valence (France) avec hôtel complet donc sièges couchettes dans un petit chemin en bordure de vignes. Pas confortable comme un lit mais ça dépanne. Arrêté sur une plage de Motril (plage de Grenade), le démarreur a fonctionné bien plus tardivement qu’à l’habitude, grosse angoisse mais fausse alerte. Ensuite je suis allé au sommet de la Sierra Nevada (3.500 mètres). En arrivant vers le haut, le moteur manquait clairement d’air, fumait noir, ne tenait plus le ralenti et tournait mal, normal avec l’altitude…
Ça ne m’a pas empêché d’admirer le panorama. Puis je me suis aperçu que j’avais mal évalué ma consommation. J’ai donc fait toute la descente (45 km) en point mort, moteur coupé. Résultat : plaquettes mortes, métal frottant sur les disques. Je suis revenu de vacances coffre chargé, bouteilles d’alcool planquées entre l’assise de la banquette arrière et la protection (très pratique) tout en traversant les Pyrénées pour rejoindre un pote à Tarbes. Puis Tarbes-Paris d’une traite en anticipant bien les freinages et ralentissements. En ville tout le monde me regardait quand je freinais dans un affreux crissement métallique… Au garage j’ai eu droit à la facture… disques et plaquettes usés comme ils n’avaient jamais vu !
Sinon lors d’un week-end du 1er mai au Croisic, j’ai eu la géniale idée de fermer la voiture avec les clés à l’intérieur. Coup de bol, les clés de la R16 du frangin ressemblant à mes clés de la R6, j’ai pu ouvrir en trifouillant un peu la serrure sans rien détériorer.
Autre anecdote, au retour de sports d’hiver en février 1982, je sens que la voiture dérive sérieusement de l’arrière dans les virages. Pneu arrière gauche crevé, pas grave j’aperçois un garagiste à l’entrée de la ville où j’arrive. Le garagiste s’active pour effectuer la réparation lorsque son chien, un berger allemand, renifle sérieusement et avec insistance la roue de secours. Et pour cause la roue est pleine de fromages savoyard (reblochon, tome, etc.) pour qu’ils restent au frais. Je pense que le garagiste a cru qu’on transportait quelque chose...mais pas du fromage.
J’ai donc pas mal roulé avec cette R6 de 1980 à 1985. Plusieurs fois du côté de La Baule, la Normandie, le Luxembourg, la Suisse et L’Espagne.
Au chapitre réparation, la plus grosse c’était le remplacement de la chaîne et tendeur de distribution imposant de sortir tout la mécanique. Ça faisait un sacré gling-gling au ralenti
Forcément le démarreur souffrant à rendu l’âme en se bloquant carrément sur le volant moteur, heureusement à côté de chez moi : Débranchage impératif de la batterie.
Le régulateur a lâché, heureusement à côté de chez moi, j’ai pu rentrer (merci l’ampèremètre).
Le câble d’accélérateur a lâché heureusement à côté de chez moi également, j’ai pu rentrer (difficilement au starter)
Sinon en amélioration j’avais installé des bras d’essuie glace noirs de R5. J’avais également installé des feux de recul issus de R5 GTL avec tout le câblage et le contacteur de boîte. J'avais un temps installé un volant 4 branches de R14 que j'ai retiré car en tournant les doigts de la main gauche accrochaient la manette des clignotants car trop près.
R6 TL utilisée de décembre 1980 à avril 1985 sans réel gros souci. Donnée à mon beau frère qui a pas mal roulé aussi. Comme beaucoup de R5 et R16 elle a eu droit à la rupture d’un ancrage de barre de torsion arrière qu’il a réparée avec une poutre au gabarit.. Malheureusement avec des passagers à l’arrière, la caisse avait perdu de sa rigidité. Elle a fini en tant que reprise pour l’achat d’une Fiat Uno neuve début 1988. Elle avait alors plus de 250.000 km au compteur avec la mécanique d’origine.
Pour moi ses points forts étaient : mécanique fiable et vigoureuse (je bloquais le compteur à 150 facilement), confort, économique, freins à disques, grand coffre sans seuil.
Points faibles : pas d’assistance de freinage, corrosion châssis.
En conclusion : Une super voiture qui m’a donné entière satisfaction et dont je ne regrette absolument pas son achat. Son seul point noir c’est que, comme je l’ai indiqué au début, la voiture appartenait à un très grand fumeur et dont je n’ai jamais réussi à faire partir l’odeur du tabac imprégné dans toute la voiture, même en faisant brûler de l’encens. Elle appartenait à un vétérinaire d’équitation et lors du 1er nettoyage du coffre, sous le tapis j’ai retrouvé plein de sable et des clous pour fer à cheval...
2 photos prises en février 1982 sur les bords du lac d'Annecy