Il y a 5 ans, le 4 mars 2006, j'ai entrepris de parcourir la totalité de la Nationale 7, en suivant scrupuleusement le tracé de l'époque où elle traversait les villes. C'est à bord de ma n°5 que j'ai pris la route, tout seul, à seule fin de me changer les idées. A quelques jours du départ, je suis tombé sur le livre de Steven Weinberg, ce Luxembourgeois qui parcourt le monde avec sa petite 4CV verte, il avait parcouru la N7 l'année précédente et avait confronté, sur son livre, les photos qu'il avait faites avec des photos des mêmes endroits un siècle plus tôt. La comparaison des photos confirme s'il en est besoin que tout est plus moche qu'avant.
Je prends donc la route ce samedi 4 mars pour rejoindre Paris par la N2, que je ne quitte pas d'Avesnes jusqu'à l'île de la Cité, et je passe une première nuit chez ma soeur.
Le lendemain matin, dimanche, retour au kilomètre zéro des routes de France, devant la cathédrale Notre-Dame, puis départ de mon périple touristico-gastronomique. Je sors de Paris par la Porte d'Italie, au km 5, c'est ici que commence officiellement la N7. Après quelques dizaines de kilomètres de béton tagué, je sors enfin de cette banlieue morbide et j'atteins Fontainebleau (km 65). Je traverse alors le Gâtinais (célèbre pour son miel), où je tombe sur le restaurant des "100 bornes", au km 100, qui n'a pas survécu à l'ouverture de l'autoroute. Je parcours l'immense plaine jusque la Loire que je rejoins à Briare, puis je remonte le dernier fleuve sauvage de France. Je traverse un terroir réputé pour ses vins blancs et ses fromages de chèvre (Pouilly, Sancerre, Chavignol) et j'arrive à Nevers où je fais étape.
Le lendemain, je traverse et quitte la Loire pour m'enfoncer dans le Bourbonnais. Je retraverse la Loire à Roanne, puis monte la montagne de Tarare, laissant de côté la Route Bleue pour rester sur la N7. Au km 415, je franchis le Col du Pin-Bouchain enneigé, point culminant de la N7 (760m). Puis j'amorce ma longue descente vers Lyon. J'arrive bientôt dans la capitale de la gastronomie, qui regorge de "bouchons" où le beaujolais arrose les spécialités locales (quenelles, cervelle de canut, tablier de sapeur, rosette, grattons...). Je longe maintenant le Rhône. A la sortie sud de Vienne, la pancarte immense du "Relais 500" m'indique que j'ai fait 500 km depuis Paris, me voici donc à mi-chemin ! Le vignoble des Côtes-du-Rhône fait son apparition (Crozes-Hermitage...). Au km 561 , à Pont-de-l'Isère, le monument du 45ème parallèle m'indique que suis à mi-chemin entre le Pôle Nord et l'équateur. "Ici commence le Midi", c'est écrit dessus. En effet, la végétation et le style des maisons commencent à sentir la Provence !
Après une nouvelle nuit dans un routier, je reprends ma descente du Rhône. Je traverse Montélimar, dont l'essor du nougat doit beaucoup à la N7, puis je visite le musée de la Nationale 7 près de Piolenc (km 663). Je contemple les monuments romains à Orange. Le soleil continue d'arroser généreusement les vignes omniprésentes; me voilà à hauteur de Châteauneuf-du-Pape. A Avignon (km 700), la route quitte enfin le Rhône. Je jette un coup d'oeil au pont St-Bénézet et au Palais des Papes, puis m'enfonce dans la Provence, sur d'interminables lignes droites bordées de platanes, de vigne et d'oliviers. Je traverse ainsi Aix, Brignoles... A Fréjus, la Méditerranée se découvre soudain, mais je la quitte aussitôt pour gravir le massif de l'Esterel et ses innombrables virages. Je rejoins définitivement la Grande Bleue à la Napoule (km 946), me voici au pays des stars, du pognon et des bouchons : la Riviera. Je passe ainsi devant le Carlton et Palm Beach à Cannes, devant le Negresco à Nice... Je poursuis en direction de l'Italie sur la Moyenne Corniche, je contourne Monaco et arrive à Menton à la nuit tombée. Me voici au bout de la route, à 1000 km de Paris !
Le lendemain, je m'offre une bouillabaisse dans cette sympathique ville célèbre pour ses citrons, en terrasse au bord de la mer (quand je pense que j'ai traversé des paysages enneigés avant-hier...!) et je vais faire un tour à Monaco. Des gardes filtrent l'entrée de la Principauté. C'est plein de voitures haut de gamme, de résidences tape-à-l'oeil. Dans cette débauche de luxe, ma vieille R6 rouillée fait un peu l'effet d'une crotte de chien dans le salon de la marquise. Je reprends la route de l'aller jusque Lyon, après une nuit à Avignon. Je remonte ensuite, via Dijon, jusqu'à la maison du grand-père au fin fond de la Haute-Marne, pour une dernière nuit. C'est là que l'R6 viendra vivre sa pré-retraite, deux ans plus tard. Au retour dans le Nord, j'aurai fait 2750 km au total, sans la moindre panne, avec plein de photos et un panier garni que je me suis constitué tout le long de la route, avec les spécialités locales. Quel beau pays, la France !
Deux photos du kilomètre zéro, le parvis de Notre-Dame à Paris
La Porte d'Italie marque le véritable début de la N7 (km 5)
Rencontre d'un "Concorde" à hauteur d'Orly, un avion contemporain de l'R6 (km 15)
Le rond-point de l'Obélisque à Fontainebleau (km 65)
L'ex restaurant des "100 Bornes" (km 100)
Briare, le superbe pont-canal qui enjambe la Loire (km 154)
Cosne-sur-Loire (km 181)
Pouilly-sur-Loire, le restaurant des "200 Bornes" (km 200)
Nevers, me voici au sud de la Loire ! (km 237)
Saint-Pierre le Moutier (km 262)
Bessay-sur-Allier (km 304). L'ex restaurant des "300 Bornes" est juste en face.
Lapalisse (km 337)
Le col du Pin-Bouchain (km 415)
Tassin-la-Demi-Lune, on aborde la banlieue lyonnaise (km 472)
Lyon (km 476)
Le "Relais 500" au sud de Vienne (km 500)
Le vignoble endormi par l'hiver à Crozes-Hermitage (km 549)
Le monument du 45ème parallèle à Pont-de-l'Isère (km 561)
Jolie peinture en trompe-l'oeil à Loriol (km 595)
Ancienne borne du km 659, maintenant visible au musée de la Nationale 7 à Piolenc
Orange (km 670)
Le fameux pont d'Avignon (km 700)
La route file droit vers le km 755
Aix-en-Provence (km 774)
Cette borne (km 797) doit dater d'avant 1860, quand la frontière était juste après Antibes...
Le massif de l'Esterel (km 898 à 922)
Deux vues de Cannes, l'hôtel Carlton et le casino de Palm Beach (km 934)
Rencontre nocturne à Nice (km 965): une R6 encore plus déglinguée que la mienne !
Monaco (km 983), photos faites au retour, le lendemain (l'entrée de la Principauté - les HLM version monégasque - le rocher)
Menton (km 993)
Menton, la frontière ! (km 996) : le poste de douane (visible dans le Corniaud) - dans l'axe de la frontière depuis la mer - zoom sur la frontière