Je vous propose un grand bol d'air en Auvergne !
Du 24 au 29 mai 2016, voyage dans le Cantal avec l'R6 n°6.
Nous décollons de notre maisonnette de Haute-Marne le 24 au matin. La voiture tourne à merveille. Après avoir contourné Dijon, nous empruntons la route des Grands Crus et déjeunons à Vougeot. Comme nous avons 400 bornes à faire ce jour, nous prenons l'autoroute de Beaune à Mâcon. De retour sur la N6, nous tombons sur un spécialiste SM (je parle des Citroën, pour ceux qui ne suivent déjà plus), puis nous quittons la vallée de la Saône à Villefranche pour nous enfoncer dans le Beaujolais. Pause dans le joli village de Bagnols aux maisons de pierre ocre.
Plus loin nous traversons Andrézieux où, en bon cheminot, j'espérais trouver un monument commémorant la toute première voie ferrée française, mais en vain (le chemin de fer Saint-Etienne - Andrézieux date de 1827). Deux kilomètres plus loin, nous croisons... une superbe R6 ! (phares carrés, blanche, de 1974), son propriétaire habite là, à Saint-Just-Saint-Rambert, n'est pas sur le présent forum, et possède dix R6, une "gold" de 1969, une verte de 1969, une bleu ciel de 1972, une orange de 1974, pour ne citer que celles que j'ai vues ! Nous arrivons peu après à notre première chambre d'hôtes, dans une ferme laitière à Chambles, à quelques kilomètres de la Loire. Sympathique table d'hôtes.
Le Clos de Vougeot (Bourgogne)
Les R6 rencontrées dans la Loire
Le 25, lait de ferme au petit déjeuner. Nous montons dans un donjon du château d'Essalois qui surplombe la Loire. J'avais toujours entendu dire que c'était le dernier fleuve sauvage de France, sans barrage, eh bien il y en a justement un au pied du château ! Nous traversons ensuite les monts du Forez, puis du Livradois, par des petites routes serpentant d'une colline à l'autre au milieu des genêts fleuris. Les vaches ont des clarines au cou, la campagne est un enchantement ! Pique-nique dans une belle forêt de sapins au sol moussu après la Chaise-Dieu, puis en passant sur une hauteur, quelle n'est pas notre surprise d'apercevoir de la neige sur les sommets du Cantal !
Pause à Auzon chez des amis de notre village du Nord venus s'établir ici pour reprendre un élevage de porcs plein air, en bio. Ils nous montrent leur élevage et nous racontent leurs démêlés avec les inspecteurs de la Direction des Services Vétérinaires, bêtes noires de tous les producteurs de France. Sans doute pour ne pas être taxés de complaisance, les inspecteurs se croient obligés de trouver quelque chose à redire lors de leurs visites périodiques, quelques exemples glanés un peu partout : le tablier de la fermière n'est pas de couleur assez claire, le vestiaire est trop petit, l'évacuation des eaux usées de la laiterie n'est pas au centre de la pièce, les murs ne sont pas assez lisses, il y a une tache de rouille sur le chauffe-eau, il faut se laver les mains à chacun des six postes successifs d'abattage d'un même canard, la laiterie ne doit pas sentir le lait... Véridique ! L'outil de ces cauchemars ambulants : des centaines de normes stupides et contraignantes destinées à éradiquer les plus petits producteurs, ceux qui font les meilleurs produits. Leur religion : la psychose de l'hygiène. Leur idéal : la ferme ultra-moderne des 1000 vaches. Le dernier de leur soucis : le goût des produits. Et gare à celui qui se rebelle : imbus de leur toute puissance, ils peuvent l'interdire d'exercer. A noter que les produits importés sont beaucoup moins inquiétés ! Bon je referme la parenthèse, désolé j'avais envie de pousser un coup de gueule.
A Lempdes sur Allagnon, nous passons devant le Bar des 500 bornes de l'ex-Nationale 9. La route est dominée par des quantités de chapelles, châteaux et autres donjons. De passage dans le joli village de Blesle, je montre à Flavie le restaurant qu'y possède Gérard Klein, et jetant un coup d’œil en face, je vois l'acteur regarder passer l'R6 ! Fin de l'étape à Pradiers (massif volcanique du Cézallier), dans une ferme-auberge (vaches salers allaitantes et canards).
Vue sur la Loire depuis le château d'Essalois
Une fleur parmi les fleurs (j'écris cette connerie car je sais que quand Flavie a une insomnie au bureau, elle va parfois sur le forum)
Un petit coin de paradis vers Périgneux (Loire)
Entre Forez et Livradois
Pause forestière vers la Chaise-Dieu
Bistrot des 500 bornes de la N9
Un petit café authentique à Auriac-l'Eglise
Le 26, nous nous enfonçons à pieds dans le Cézallier, royaume des grands espaces à peine ondulés, à 1200 m d'altitude, dans un silence presque total et une solitude complète. Les vaches salers et aubrac sont les reines de l'estive. Quelques burons se dressent ça et là. Reprenant la voiture, nous descendons manger à Murat, jolie petite ville d'un calme reposant, puis montons au col du Pas de Peyrol (1588 m) où nous trouvons de la neige ! Tous les moucherons du monde et des planètes environnantes se sont donnés rendez-vous sur la terrasse de l'auberge du col. Nous sommes au cœur des monts du Cantal, vestiges du plus grand volcan d'Europe (2700 km2) que l'érosion a réduit à quelques sommets formant un ensemble d'une beauté saisissante (Puys Mary, Griou, de Peyre-Arse, Plomb du Cantal...). Quand on sait que l'activité volcanique d'Auvergne a commencé il y a 25 millions d'années pour s'achever il y a seulement 7000 ans, il serait étonnant que l'activité ne reprenne pas un jour.
Fin de la journée au Falgoux, petit resto et chambre d'hôtes raffinée. Le propriétaire, possesseur d'une Traction de 1953 et d'une 2CV de 1986, restaure une antique C2 de 1923 ! Cette année-là, les Automobiles Citroën n'avaient que quatre ans !
Sur les hauts plateaux du Cézallier
On fait parfois des rencontres inattendues : ici une Opel Kadett venue d'Allemagne
Murat
Montée du col du Pas de Peyrol
Vaches salers en contrebas d'un buron
Le 27, sympathique petit déjeuner, musique feutrée (concerto de Haendel) cadrant bien avec l'ambiance un brin bourgeoise des lieux, on adore ! Nous remontons ensuite au col puis grimpons (à pieds) le Puy Mary (1787 m, 200 m de dénivelé). On estime que le volcan du Cantal atteignait 2500 à 3500 m lors de son activité. Heureusement qu'on a un peu attendu pour partir en vacances, car si on l'avait gravi quelques millions d'années plus tôt, il aurait fallu se farcir 700 à 1700 m supplémentaires de dénivelé ! Bien que Flavie soit enceinte de cinq mois, elle monte plus facilement que moi.
Le panorama qui nous attend au sommet est extraordinaire, j'ai sous les yeux la jolie crête tant vue en photos, qui relie notre sommet au Peyre-Arse. Nous l'empruntons jusqu'à la Brêche de Rolland. Pas vu d'animaux à part un merle de roche. Le massif compte paraît-il des mouflons et des marmottes. De retour au col (toujours infesté de moucherons), nous avons la chance de voir un rallye d'une trentaine de véhicules anciens y faire une halte. Ce rallye parcourt le 45ème parallèle, depuis les Alpes jusque la côte atlantique à Lacanau. Je remarque en particulier une Sunbeam de toute beauté (bordel, c'est toujours quand je ne regarde pas ce que j'écris que je me rends compte que j'ai tapé trois lignes en majuscules ! Bon, erreur réparée).
Nous descendons manger à Salers (le "s" final ne se prononce pas). Parking payant et boutiques de touristes nombreuses, mais heureusement les touristes sont peu nombreux ce vendredi. La ville est très jolie, toutes les maisons sont couvertes de lauzes, ce qui confère un aspect très minéral aux toitures. Là s'arrête la montagne, nous vadrouillons l'après-midi sur des petit chemins dans l'espoir de nous abriter du soleil dans une forêt de sapins, en vain. Il y a des clôtures en pierre un peu partout. J'aime ce département rural et sauvage, la délinquance y est inconnue, les gens ont un peu l'accent du midi, et on est loin du surpeuplement du Nord ! Avec 147.000 habitants, c'est le 5ème département le moins peuplé (26 h / km2 contre 450 pour le Nord), les immatriculations automobiles se sont arrêtées à la série JB en 2009 (dans le Nord à la série DMS) !
La journée s'achève à Sauvat (au nord de Mauriac) dans une ferme d'élevage de salers allaitantes. En raison du prix dérisoire du lait acheté aux éleveurs, les élevages laitiers ne produisant pas de fromage se convertissent souvent en élevage allaitant (filière viande). Conversion aisée s'agissant de la salers, race mixte. Ambiance bon enfant à la table d'hôtes, très sympa. Le plateau de fromages est toujours riche en Auvergne : cantal, bleus, fourme, saint-nectaire, brique du Forez...
La crête à l'est du Puy Mary, vue du sommet
Sur la crête
Face nord du Puy Mary
4CV, MG-B et Sunbeam au col du Pas de Peyrol
Quatre vues de Salers (classée parmi les plus beaux villages de France)
Le 28 (samedi), nous quittons le Cantal et remontons vers Clermont. Nous laissons les Monts Dore, puis les Monts Dôme (chaîne des Puys) sur notre droite, et arrivons à midi à Volvic chez des amis rencontrés en 2009 en Lozère. Nous allons faire un tour à la source d'eau minérale, puis au château de Tournoël qui domine la contrée. Volvic est bâtie de pierre volcanique très noire, c'est d'ailleurs cette lave qui servait à fabriquer les panneaux indicateurs Michelin. Truffade maison au dîner alors que l'orage se déchaîne dehors, moment délicieux !
Autorail type X3800 à Bort-les-Orgues. A l'origine rouge et crème, les 251 engins de la série roulèrent de 1950 à 1988.
Clôtures en pierre
Une rare plaque Michelin bordée de rouge
Genêts
Le château de Tournoël à Volvic
Nous quittons Volvic le dimanche midi. Nous sommes restés 24 heures chez nos amis, et pas une fois nous n'avons entendu crier leur petit garçon de quatre ans. Pas un caprice, il joue tranquillement avec ses jouets et sa panoplie de Viking. Leurs parents nous expliquent que c'est le fait de n'être quasi jamais devant un écran (tablette ou TV) qui lui permet d'être si calme. Nous connaissons un exemple similaire dans le Nord qui semble confirmer cette thèse. Voilà qui me motive pour ma future paternité du coup, car il est hors de question d'avoir la télé, et l'enfant-roi qu'on laisse hurler sous prétexte qu'il faut le laisser s'exprimer, pas avec moi !
Nous remontons via Riom, Vichy, Lapalisse (où s'organisera en octobre un embouteillage de voitures anciennes), Paray-le-Monial, Montceau-les-Mines, puis longeons le joli canal du Centre et reprenons l'autoroute de Beaune jusqu'à notre village haut-marnais. Total 400 km ce jour.
Très ancienne borne délimitant le Puy de Dôme et l'Allier
Vichy, le centre thermal, triomphe de l'Art Nouveau
Deux vues de Lapalisse et de la mythique Nationale 7 (que j'avais parcourue de bout en bout en 2006 avec l'R6 n°5)
En six jours, nous avons parcouru 1265 km avec notre brave Renault 6 qui a encore suscité l'admiration de pas mal de monde ! Pas la moindre panne et pas de problème majeur d'approvisionnement d'essence malgré la pénurie.
Excellentes vacances !